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d'artistes confrontés à l'exclusion et à la précarité. La plupart d'entre eux, hors du cadre conventionnel, se retrouvent contraints à une dissidence involontaire et n’ont d’autres solutions que d’exposer leurs œuvres dans des foires et des galeries secondaires, délaissées par les collectionneurs. Forcés pour survivre, d’adapter leurs propositions « artistiques » à un segment du marché où seule la forme compte.

Selon mon ressenti, l’œuvre d’art est un miroir dans lequel, par de subtiles métaphores, l’âme expose à la conscience les fantômes de son histoire.

Cette perception issue de mon expérimentation pose une question cruciale : un objet dont la conception est dictée par des impératifs de séduction peut-il encore revendiquer le titre d'œuvre d'art ? Où est-il plutôt simplement le fruit d'une démarche utilitaire, réduisant ainsi le rôle de son créateur à celui de décorateur ? Malgré les apparences, je ne porte aucun jugement de valeur, mais souligne la nocivité d’un problème sémantique non-négligeable.

Face à ce constat, afin de partager avec vous ma vision singulière de l'art et toujours selon mon ressenti : de son devenir, j'ai entrepris d'explorer les méandres de mes créations à travers un essai intitulé "L'Art des 'Cent Titres' - Concept et théorisation". Ce travail exhaustif expose les spécificités de ma démarche artistique, mais également la richesse de ses ramifications polymorphes. Cet essai, en proposant une réinterprétation différente du concept d'art, offre une approche cohérente et symbiotique conciliant les acquis du contemporain avec une vision réaffirmée de sa dimension intemporelle.

J’espère à travers mes compositions, modestement contribuer à enrichir le paysage artistique et à promouvoir une vision actualisée, mais surtout, universelle de l'art. Je suis convaincu que cette approche unificatrice, en transcendant les clivages et en réconciliant les oppositions, offre une perspective stimulante et enrichissante pour le monde de l'art contemporain.

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La peinture virtuelle

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Bien que révolutionnaire, la peinture virtuelle souffre d’une absence quasi-totale de reconnaissance auprès du public et des institutions, en raison de sa jeunesse, de son médium (l’informatique), des préjugés dont elle est l’objet et de l’absence de représentation officielle.
De plus, comme elle ne répond pas aux critères actuels qui permettraient une financiarisation maîtrisée de sa production, cette forme d’art est boudée par le marché, et pour des raisons différentes, par les institutions.
La plupart des artistes qui pratiquent cette peinture, à quelques rares exceptions, ne peuvent pas en vivre.
Seuls quelques magazines spécialisés dans le monde s’intéressent à cette peinture, proposant à leurs lecteurs de nombreux tutoriels et conseils. Ils sont généralement dédiés aux amateurs et principalement axés sur la technique. Bien sûr, ils consacrent toujours quelques pages à des « artistes » en vogue, mais ceux-ci sont le plus souvent des graphistes ou des illustrateurs issus des jeux vidéo, du cinéma d’animation, de la bande dessinée, des effets spéciaux et de la publicité.
Aussi, leurs réalisations, bien que parfaitement exécutées, s
ont-elles imprégnées par leur milieu professionnel.
Vous pouvez, si le cœur vous en dit, vous rendre sur Internet et effectuer une recherche par image de l’activité peinture virtuelle, plus connue sous l’appellation de peinture numérique ou par son équivalent anglais, digital painting, et vous constaterez que la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité, des réalisations présentées sont dénuées de sens et entièrement dédiées à la forme.
C’est surprenant, mais tous ces artistes ont en commun une absence de démarche artistique. Malgré la modernité du médium sur lequel s’appuient leurs créations, ils pratiquent, selon les critères qui définissent celui-ci, un art non-contemporain.
La peinture numérique est aujourd’hui, pour la majorité de ses acteurs, à un moment de son évolution comparable à celui de l’art moderne, période où seule l’intériorité de l’artiste prévalait.
À l’ère du selfie, cette absence de sens n’est pas étonnante. Par ailleurs, il n’existe aucune école d’art délivrant une formation artistique pour ce genre de peinture, et les quelques lieux délivrant un enseignement digne de ce nom, comme par exemple l’école supérieure d’arts graphiques Penninghen, le font principalement dans une optique d’insertion professionnelle. En général, ces établissements dispensent un formatage à la séduction de cinq ans qui laisse des traces pratiquement indélébiles peu compatibles avec la chose artistique.
À ce jour, nous ne sommes que quelques-uns à pratiquer, à l’aide exclusive de ce médium, une peinture résultant d’une démarche artistique. Mais malgré l’intérêt de nos œuvres, noyés dans la masse et l’indifférence, nous restons les parias de la création artistique actuelle. C’est injustifié au regard de la qualité de nos réalisations, mais c’est notre réalité et il nous faut vivre avec.
En continuant à cultiver notre art, et ce quoi qu’il nous en coûte, en refusant toute forme de concessions ou de compromissions, bon nombre d’entre nous se sont exclus du système. Nous ne sommes pas les premières victimes des préjugés et de l’ostracisme des conservateurs. Il y a seulement vingt ans, les mêmes graffitis qui valent aujourd’hui des sommes considérables étaient considérés comme du vandalisme. Combien de chefs-d’œuvre ont disparu, karcherisés par la bêtise humaine ?
Dans l’art du graffiti, l’évolution des mentalités fut lente et complexe, mais sentant la demande qui s’étoffait, le marché a trouvé son chemin et les institutions ont suivi.
Aujourd’hui, un amalgame subtil s’est fait entre les arts urbains et leur appellation courante, qui tend à s’imposer comme un label, le street art. En réalité, la majorité des artistes pratiquant l’art du graffiti ne sont pas et ne se considèrent pas comme des acteurs du street art. Cette appropriation du terme par le marché les en a détournés.
Bien que datant de l’Antiquité, le graffiti, dont le tag fait partie, est un art de rue. Dans sa version moderne, il est le mode d’expression représentatif d’un mouvement subversif et désintéressé issu de la culture hip-hop dont les acteurs recherchent la notoriété, mais uniquement auprès des leurs.
Mouvement asocial par essence, longtemps considéré au même titre que le tag (signature) comme du vandalisme, sa présence éphémère sur les murs de la ville ou dans les friches industrielles symbolise le rejet de la société et de ses institutions. Et parce qu’il porte cela dans ses gènes, il ne peut s’en extraire sans se perdre.
Il est par essence la mauvaise herbe issue de la « mauvaise graine » qui pousse sur les murs des villes et dans les terrains vagues du XXIe siècle.
La confusion des genres, volontairement entretenue par le marché, assimilant la pratique du graffiti au street art a permis à celui-ci de s’en approprier les différents codes, culture, romantisme, etc.
Or, la plupart des acteurs représentatifs de ce label n’ont plus rien de subversifs, pratiquent un art urbain négocié et légalisé, ils sont avides de notoriété et cherchent la reconnaissance auprès du plus grand nombre. Au même titre que l’art contemporain nécessite pour se valoriser son insertion dans un environnement prestigieux, le graff est totalement tributaire de son milieu.
Certes, les critères sont différents et quasiment opposés. À la beauté et la grandeur recherchées par l’un se substituent souvent la vétusté et la misère privilégiées par l’autre. Il suffit de pénétrer dans un lieu à l’abandon (ci-contre), délaissé par la civilisation, pour comprendre dans ses tripes cette dépendance symbiotique entre cet art de rue et son environnement.
Hormis si vous vivez dans un squat, la présence hors contexte de ce type d’œuvres d’art est souvent une aberration qui transforme la plupart de ces graffitis en de simples objets décoratifs sans signification et sans âme. Cette délocalisation irrationnelle spolie les œuvres de leur charge émotionnelle et les dépouille d’une bonne part, voire de la totalité de leur dimension artistique.
Adhérer à cette proposition paradoxale qui voudrait nous faire croire que « l’art urbain de salon» (pur produit du street art), a du sens, est tout aussi déraisonnable que de penser s’immerger au cœur de la vie animale en visitant un zoo.

 

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